Je revois le temps où nous avions des bœufs ;

                        Très doucement, ils allaient sous le joug tous les deux ;

                        L’un s’appelait Racigneux et l’autre Mouton.

                        Mon père, sans l’aiguillon, leur donnait le ton.

                        Sous la voix de leur maître, ils tiraient la faucheuse,

                        Un très lourd charroi ou la moissonneuse-lieuse,

                        Ainsi que la charrue, le cultivateur,

                        L’herse et le rouleau. Cela pendant des heures.

                        Ils marchaient l’un contre l’autre au même pas.

                        Ils s’entendaient très bien et n’étaient jamais las.

                        Oui, tous deux étaient les compagnons de mon père.

                        Ils étaient toujours là pour travailler la terre.

                        Je me souviens de ce moment où je traversais une lande,

                        Assis sur un char de foin chargé dans les Brandes ;

                        J’étais très jeune et j’avais hâte d’arriver,

                        Mais les bœufs marchaient lentement, suivant leur gré.

                        L’homme regrette tous ces instants d’insouciance,

                        Là, où il était heureux lors de son enfance.

                        Le temps mis par les bœufs était interminable ;

                        Celui des tracteurs ne peut être comparable.

                        J’ai en mémoire la relation fusionnelle

                        Qui, probablement, n’était pas exceptionnelle,

                        Entre bien des hommes et l’ensemble de leurs bœufs.

                        Mon père aimait ses bœufs et prenait grand soin d’eux !

Daniel Allignet

03/09/2014, Montcocu – Baraize, Vallée de la Creuse

” Je fais partie de cette génération dite  «génération de l’immédiat après guerre » qui a été le témoin de l’évolution de la société rurale qui demeurait encore traditionnelle dans les  années 1950 dans notre contrée.

Le monde paysan de notre Bas Berry à commencé à évoluer rapidement, au début des années 1960, avec l’arrivée des tracteurs et du machinisme. A partir de ce moment là, l’agriculture devait se métamorphoser brutalement par la mise en place de nouvelles méthodes de travail. Nous passions rondement d’une agriculture ancienne à une agriculture moderne. Pour l’adolescent que j’étais, il s’agissait là de deux mondes différents. Le contraste était frappant alors que ces deux mondes étaient néanmoins très rapprochés dans le temps.

Au début des années 1950, mon père travaillait avec des bœufs qui ont marqué profondément mon enfance. Aussi, je me souviens d’avoir été frappé par leur remarquable comportement stoïque lorsqu’ils étaient attelés et placés en période d’attente alors qu’ils étaient attaqués de toute part par des mouches. Ils ne bougeaient pas, ils essayaient simplement de les chasser régulièrement en secouant leur joug ou en agitant leur queue. Mais, à la fin des années 1950, commençait le début de la fin d’un monde qui, pour l’enfant que j’avais  été, ne pouvait être imaginable. La traction animale se terminait pour laisser place à la traction motorisée. La relation fusionnelle entre l’homme et l’animal ne pouvait plus être aussi intense qu’auparavant. Ce qui amenait mon père à dire, en d’autres mots, que le tracteur, si utile qu’il pouvait être, ne serait jamais qu’une machine dépourvu d’âme, de cœur et d’esprit. Lorsque je pense à cette époque, la nostalgie me gagne. “

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